THÉORIE PSYCHOPHYSIOLOGIQUE DES CONSONANCES ET DISSONANCES
Cette feuille présente, sous une forme améliorée et simplifiée, les calculs que j'ai proposés pour "actualiser" la théorie de l'acoustique musicale de Helmholtz. On trouvera un exposé détaillé de la démarche dans le livre Du son à la musique. Le principe général est d'abandonner toute étude mécanique de l'oreille interne, en conservant tout de même l'idée que la dissonance provient des battements qui se produisent dans la cochlée et que l'audition additionne les dissonances selon les règles acoustiques de la psychologie expérimentale.
Bien
que son contenu soit indépendant de celui de la feuille de reconstitution des
calculs de Helmholtz, il serait préférable que cette
dernière soit lue préalablement à la présente.
1. Bande critique et dissonance élémentaire
> | restart; |
> | bc:=f->0.2022*(1408969+f^2)^.5-150;# (Ne pas mettre la fonction sqrt au lieu de ^.5. Maple refuse de calculer.) |
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> | plot(bc,20..4000,thickness=4,color=black); |
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1.2. Calcul de la dissonance élémentaire de de deux sons simples de fréquences f1 et f2
> | dnf:=(f1,f2)->abs(f2-f1)/bc((f1+f2)/2);# Je prends la moyenne arithmétique... pas gênant. |
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> | de:=x->118*x^2*exp(-8*x); |
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> | plot(de,0.. 5,thickness=4,color=black); |
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> | evalf(de(1.5)); |
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(1) |
> | IBpsy:=(m1,m2)->(1/m1/m2)^0.3; |
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(2) |
> | plot3d(IBpsy(m1,m2),m1=1..10,m2=1..10,axes=frame); |
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3. Dissonance de deux sons en "dents de scie"
> | diss:=(m1,m2,k)->
if m1+m2<=8 then IBpsy(m1,m2)*de(dnf(264*m1,264*k*m2)) elif m1+m2<=14 then 0.6*IBpsy(m1,m2)*de(dnf(264*m1,264*k*m2)) else 0.4*IBpsy(m1,m2)*de(dnf(264*m1,264*k*m2)) fi; |
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(3) |
> | dissbrute:=(m1,m2,k)->IBpsy(m1,m2)*de(dnf(264*m1,264*k*m2)); |
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(4) |
> | dissonance:=add(add(diss(m1,m2,k),m1=1..10),m2=1..10): |
Faisant varier k de 1 à 2, c'est-à-dire f2 de f1 = 264 à 2.f2 = 528, j'obtiens le graphique :
> | plot(dissonance,k=1..2,color=blue); |
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Et pour la dissonance sans atténuation pour les partiels de fréquences élevées :
> | dissonancebrute:=add(add(dissbrute(m1,m2,k),m1=1..10),m2=1..10): |
> | plot(dissonancebrute,k=1..2,color=red); |
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Je peux comparer ces deux fonctions sur un même graphique :
> | plot([dissonance,dissonancebrute],k=1..2,color=[blue,red]); |
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Pour finir, il
convient sans doute de rappeler ici les hypothèses sur lesquelles
repose cette étude et les perspectives d'étude qu'elles suggèrent.
Comme je l'écris dans le livre mentionné au début de cette feuille,
quitte à procéder par la psychologie expérimentale, on pourrait
objecter qu’il serait bien plus efficace et « expéditif » d’établir une
courbe de dissonance généralisée semblable à celle qui précède, par
mesure directe, sans analyse ni calcul, sur un large échantillon
d’individus. Mais justement, on perdrait tout alors, puisqu’il n’y
aurait plus aucune analyse; et la question se poserait de nouveau, sans
réponse, de savoir pourquoi il y a des minima de dissonance pour
certains intervalles (l’octave, la quinte, etc.). Cela montre
clairement que la démarche que j’ai suivie produit bien un résultat
spécifique non négligeable.
1) Pour mener les calculs, j'ai supposé que les intensités
psychologiques de battements s’ajoutent selon les mêmes lois que les
intensités psychologiques des sons purs (la formule que j'ai adoptée
pour l'intensité des battements est en fait celle de l'intensité des
sons purs, les lois d'atténuation des additions des dissonances sont en
fait celles des additions des sons). Il faudrait commencer par
effectuer un ensemble de tests expérimentaux pour établir les lois
concernant les intensités de battements : ce serait un travail
fastidieux mais non impossible; je donne ici du pain sur la planche aux
psychologues expérimentaux!
2) J'ai aussi négligé la variation de la sensibilité de l’oreille selon
la fréquence, variation qui est bien connue en ce qui concerne les sons
eux-mêmes (cf. les courbes d'égales intensités sonores physiologiques.
La sensibilité de l'oreille est maximale vers 3500 Hz). Il faudrait
examiner comment sont perçus des battements d'égale vitesse à des
fréquences différentes (par exemple des battements à 30 Hz produits
d'une part par les sons purs à 200 et 230 Hz, d'autre part par les sons
purs à 3000 et 3030 Hz). Encore du travail pour les expérimentateurs en
psychologie...
3) Comme je l'explique dans le livre Du
son à la musique
(pp. 189-191), la règle générale d'évaluation de l'intensité
psychologique de l'addition d'un nombre quelconque de sons purs, que
j'ai établie, est très difficile à mettre en oeuvre. J'ai simplifié les
choses en utilisant des règles d'atténuation
(voir au début du paragraphe 3 ci-dessus). Cette fois j'en appelle aux
calculateurs et informaticiens. Au demeurant, pour ce troisième cas, le
bénéfice serait probablement réduit, car mes hypothèses d'atténuation
résument avec vraisemblance les situations possibles de mélanges de
sons.
En
supposant qu'on a déjà étudié la feuille
de la reconstitution des calculs de Helmholtz, on pourra
maintenant poursuivre la lecture par la
feuille de comparaison de la
théorie de Helmholtz avec la théorie
actualisée.
Patrice Bailhache, 29/11/2014